L’étude réalisée par la FNTR  après le début de la crise sanitaire s’en était faite révélatrice. Malgré l’attention portée aux transports indispensables à l’économie, pour l’essentiel alimentaire, tout le secteur est durement touché avec plus de 70 % des entreprises en arrêt partiel ou total de leur activité. Le transport exceptionnel est ainsi fortement impacté. 

« Immédiatement après la mise en place du confinement, nous avons été confrontés à des messages contradictoires de la part de l’Administration : certains informant du maintien des instructions de transport exceptionnel pendant la crise sanitaire, d’autres affirmant que non-essentiels, tous les convois devaient s’arrêter sans délai, explique Olivier Arrigault, Secrétaire général de la Commission masse indivisible de la FNTR. Mais les professionnels ont pu faire entendre que les convois transportaient parfois des pièces indispensables, comme pour la production d’électricité par exemple. Les convois ont pu reprendre la route. » 

Aujourd’hui, l’activité du transport exceptionnel est quasiment à l’arrêt, avec des baisses de 80%, comme de larges pans du transport routier, notamment liée aux BTP, à l’industrie… Alors que les usines de production sont elles aussi à l’arrêt ou en mode très restreint, le transport autre que lié à l’alimentaire ou la grande distribution est durement impacté. « Aujourd’hui, des entreprises de transport ont une activité qui tourne entre 0 et  20%. Dans notre région du Nord Pas-de-Calais par exemple, la moitié des camions est à l’arrêt. Seules les activités liées à la grande distribution fonctionnent, et encore avec des disparité et par à-coups, puisque toute l’organisation de la logistique a été remise à zéro. »

Grande problématique également du secteur : assurer les conditions de vie des conducteurs sur la route. Après un temps où tout a été fermé, la situation semble petit à petite s’améliorer et les conducteurs peuvent trouver sur la route des points d’arrêts avec les services indispensables (sanitaires, douches,… ) même si la restauration reste toujours un point difficile. La solidarité joue  aujourd’hui avec par exemple des transporteurs qui ouvrent leurs portes (et leurs locaux) aux chauffeurs

Guide des bonnes pratiques

Alors que le transport routier a poursuivi ses missions d’approvisionnement essentiel de la population, prenant parfois des risques pour ses salariés, la profession se penche aujourd’hui sur un « guide des  bonnes pratiques » à mettre en place pour la protection de tous. « Nous avons continué à travailler, mais sans cadre défini et avec les moyens du bord. Nos collaborateurs, nos chefs d’entreprises sont inquiets et souhaitent  une formalisation, à l’image de ce qui a été fait pour le BTP, sur les mesures à mettre en place officiellement. Par exemple, qu’en est-il des masques ? Il y a un mode de travail à sécuriser pour une durée qui reste à confirmer » Ce guide en cours d’élaboration devrait être publié sous peu. 

Mesures de soutien

Les fédérations FNTR, Union TLF et OTRE, lancent un appel aux pouvoirs publics pour la mise en place de mesures dédiées de soutien notamment en termes de trésorerie. Avec un double enjeu: permettre aux entreprises de résister au choc maintenant mais également anticiper la reprise d’après-crise.

Les professionnels demandent ainsi 4 mesures de soutien : La mise en place d’une procédure efficace pour lutter contre les retards de paiements et délais de paiement abusifs, L’anticipation du remboursement partiel de la TICPE accordée aux transporteurs routiers pour le 1er et 2ème semestre 2020; La finalisation urgente des travaux en cours de mise en œuvre d’une carte d’achat de carburant taxé au taux du gazole professionnel, et le report au 1er janvier 2022 de la diminution programmée de 2 €/hl, soit deux centimes par litre du remboursement partiel de TICPE sur le gazole professionnel des transporteurs routiers instaurée par le Projet de Loi de Finances 2020.

Le secteur, et notamment le transport exceptionnel, attend donc une reprise même partielle des chantiers et des industries, pour voir un impact positif sur son activité. 

©archives