Entretien avec Patrick Cholton, Président de la Fédération française de la Carrosserie, sur la situation actuelle pour les entreprises de cette filière, soutien indispensables au transport…

On peut choisir de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein… Choisissons donc la version positive dans ce contexte :  la moitié des entreprises de carrosserie industrielle sont en activité à l’heure où nous écrivons, selon Patrick Cholton, président de la FFC. Certes, il s’agit uniquement des carrosseries de véhicules industriels, et la plupart d’entre elles travaillent en mode « dégradé », mais elles travaillent. « Cette crise  est unique au niveau mondial, il faut nous serrer les coudes, déclare-t-il. Notre filière, en tant que soutien au transport, est une filière importante,  en première ligne, qui doit aussi être valorisée et reconnue comme telle. Nous avons d’ailleurs écrit aux différents ministères en ce sens. Aujourd’hui, 98% des marchandises sont acheminées par camion, alors que ce taux était de 88% avant le confinement. Sans l’entretien, le service, le dépannage de nos carrossiers et de nos équipementiers, le transport ne pourrait répondre à toutes ses missions aujourd’hui prioritaires pour la population, tant dans le transport de marchandises que de collecte des déchets ou d’équipements sanitaires. 

« Tout le monde est prêt à reprendre »

Aujourd’hui, le gros problème est de se procurer des masques. Tout le monde est prêt à reprendre et veut le faire dans de bonnes condition, mais les entreprises cherchent aujourd’hui des masques, qu’elle ne trouvent pas puisque  toutes les commandes sont réquisitionnées par l’Etat.  Nous souhaiterions donc qu’il mette en place un site ou les TPE et PME pourraient s’approvisionner en masques  sur des stocks d’Etat. Cela permettrait de rassurer nos salariés et ils sont en outre indispensables dans bien des métiers. Je rappelle que la profession a massivement fait des dons des masques qu’elle avait à disposition auprès des professionnels de santé au début du confinement. Elles n’en n’ont donc plus. 

Les entreprises ouvertes sont celles qui assurent des missions de services ou de dépannage, comme  notamment les services des constructeurs de véhicules industriels, mais pas uniquement. La production d’équipements a, elle, été stoppée, hormis pour la fabrication ou le carrossage d’équipements d’urgence, pour les véhicules de secours par exemple. Un autre point d’interrogation est l’approvisionnement en matériaux et composants, puisque la plupart  vient de Chine, avec des usines qui redémarrent à peine. Les entreprises qui n’avaient pas de stocks risquent d’avoir des difficultés à s’approvisionner.

2019 avait été une bonne année, nos entreprises ont encore des commandes dans leurs carnets. Elle auraient donc de quoi travailler immédiatement si elles sont en mesure de mettre en place les précautions  sanitaires indispensables. Les bonnes conditions économiques des années précédentes leurs ont permis également de regonfler leur trésorerie. La plupart, avec les mesures de soutien gouvernementales, devraient pouvoir tenir quelque semaines en tablant sur un retour à l’activité début mai. Bien sûr, si l’arrêt économique se prolonge au-delà de deux mois, ce sera complètement différent.. 

Nous n’avons pas, aujourd’hui, d’échos de nos adhérents confrontés à des annulations de commandes comme cela a avait pu être le cas en 2008-2009. 
La reprise devrait se faire a minima, en fonction bien sûr des impératifs de déconfinement. Je pense que cette reprise sera vraiment effective en septembre. »